Révolution et Libertés

Rosa Luxemburg – Les guerres sont des phénomènes barbares

Un futur gouvernement antirépublicain ?

Un futur gouvernement antirépublicain ?
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Je ne le dirai jamais assez, mais dans les pays parlementaires, la coalition majoritaire a pour vocation de former le gouvernement. Il s’agit d’un usage démocratique, mais qui n’est pas inscrit dans la Constitution. Or, Emmanuel Macron n’est pas vraiment un partisan de l’État de droit, mais plutôt de l’État légal.

En rupture avec la tradition républicaine française, il s’empresse avec ses ministres-députés malgré la torsion de la séparation des pouvoirs de continuer comme si de rien n’était. Dans ce sens, nous sommes face à des ministres “démissionnaires”, mais devant nous : une élection législative qu’il ne souhaite pas changer la donne. Le barrage républicain de la gauche est encore une nouvelle fois remercié par le plus grand mépris démocratique.

Pendant qu’Emmanuel Macron s’emmure à l’Élysée comme l’a fait Éric Ciotti dans son ancien parti politique, la crise sociale et écologique progresse à vue d’œil. Dans un déni absolu, la seule course qui règne est celle des dividendes et de l’assistanat des riches et des multinationales. Le principe majeur : les dividendes de demain seront les dividendes d’après-demain, impliquant un investissement quasi-nul se traduisant par une baisse des salaires réels et une hausse du taux de chômage. L’accumulation des richesses par une partie de la population ne permet à aucun moment de relancer la croissance et d’actionner le désendettement (dont les idées conservatrices et libérales en sont responsables). La catastrophe court et nous sommes arrivés à un point de rupture.

De cette façon, les cures d’austérité sont brandies par le pouvoir démissionnaire au risque d’affaiblir une fois de plus la croissance et d’accroître la dette publique comme dans tous les pays où cela cette stratégie a été mise en place. Nous sommes face à la crise de la décennie. De cette façon, les anciennes solutions ne permettent pas de changer la donne, mais l’empire de façon durable et dans le temps. Ainsi, les mesures prises en Grèce qui ont pour vocation d’être appliquées en France vont être cataclysmiques. En effet, une grande partie de la dette publique en France comme en Grèce provient, entre autres, de Bruxelles avec ses ambitions de renforcer le néolibéralisme.

L’économie de marché dans un territoire aussi grand que l’Union européenne suggère effectivement des règles. Pourtant, nous sommes arrivés à un stade où ces dernières produisent des effets secondaires antagonistes à ceux recherchés, au nom d’une concurrence toujours plus débridée. La volonté de créer de trouver une union de pays n’a pas pour vocation une harmonisation sociale et fiscale. Au contraire, la guerre de tous contre tous fait rejaillir sur les haines sur l’ensemble du vieux continent via la montée de l’extrême-droite qui n’a pas changé ses valeurs philosophiques depuis la chute du nazisme. La crise du Coronavirus et la guerre en Ukraine ont renforcé cette idée.

Les coalitions “sociales-démocrates” dans le jargon “social-libéral” se sont abonnées à l’idée du néolibéralisme et des valeurs conservatrices. Cela se rend compte principalement qu’il s’agit en apparence de partis de gauche, mais qui applique des politiques de droite. Or, la rupture franche a été que la coalition des partis de gauche applique une politique de gauche. Cette démarche ne plaît pas aux conservateurs habitués aux trahisons de la gauche depuis une quarantaine d’années. Or, le “Nouveau Front Populaire” a justement un programme de rupture conséquent face à quarante années de démantèlement de l’État au profit d’une minorité s’étant massivement enrichie sur la paupérisation de la population. De leur tour d’ivoire, ils veulent briser toutes les solidarités et suivent magistralement un nivellement par le bas et du refus de toutes les idées républicaines de l’égalité.

Le procédé d’Emmanuel Macron refuse la destruction de ses réformes. L’extrême-centre s’accroche au pouvoir comme un coquillage à son rocher. La crise économique et sociale poursuit ses ravages. Nous sommes également dans un basculement également post-républicain. Le bloc bourgeois a abandonné toutes les valeurs républicaines et se prétend défendre la France, ironie non ? Nous sommes dans une époque de doute et d’incertitude. La xénophobie ambiante et l’antisémite sont alimentés et instrumentalisés par ce que l’on pourrait appeler le “bloc pétainiste” allant d’Emmanuel Macron jusqu’à Eric Zemmour.

Dans un pays où il existe une corrélation entre conservatisme et antisémitisme, les conservateurs pointent les liens avec la gauche. Ce n’est pas comme si Darmanin écrivait des récits sur les banquiers juifs mis au pas par Napoléon au nom de l’usure dans la tradition judéophobe de l’Église catholique, le tout pour défendre la laïcité et combattre le “séparatisme”. Personne n’a osé porter plainte pour incitation à la haine à son encontre et c’est bien dommage, car ancien de l’Action Française, cela lui permet d’avoir une formation sur le “nationalisme intégral” et férocement “antisémite”. Cela explique sans doute sa finesse de l’analyse appartenant au XIXème siècle.

Mais pour résoudre cette crise politique, une solution s’avère simple : républicaniser et redonner vie au système parlementaire à la France.