Révolution et Libertés

Rosa Luxemburg – Les guerres sont des phénomènes barbares

Un président-soleil face à la révolte

Un président-soleil face à la révolte
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Le président-soleil se prend pour Louis XIV ou Louis XVI non depuis Versailles, mais depuis le palais de l’Élysée. Dans ce sens, nous assistons à la fin d’un règne où l’extrême-centre n’a pas réussi à redresser l’économie de la nation, prouvant une fois de plus l’échec du néolibéralisme.

Le feu couve dans un coin de la coalition de gauche arrivée en tête aux élections législatives anticipées. À force de l’entretenir, les cocktails du docteur Molotov prendront une autre odeur que dans la digestion d’une fin de repas bien arrosé. Les vacances se sont déroulées dans un calme relatif, mais il s’agit de l’eau qui se retire avant le tsunami de la colère. Le président-soleil n’a plus aucune légitimité républicaine. En se refusant d’appliquer les règles du parlementarisme et des démocraties libérales, la France plonge dans une crise politico-économique choisie. L’extrême-centre, n’a-t-il pas retenu les erreurs de la République de Weimar ? En se calquant sur un régime autoritaire et antiparlementaire, tout en se garant de défendre les intérêts républicains, Emmanuel Macron a trahi l’esprit et l’application de la Constitution de 1958.

En se pointant dans le cadre du “pays réel et du pays légal”, c’est-à-dire un État basé sur la loi où cette dernière n’est soumise à aucun contrôle. Un régime qui se transcrit uniquement par des décrets-lois et des ordonnances afin de soutenir l’idée d’un régime de l’ordre (naturel) se caractérise naturellement sur le fait qu’une partie d’une classe (en l’occurrence la bourgeoisie) connaît les aspirations et les bonnes décisions pour l’intérêt non pas populaire, mais de la nation. De cette manière, nous voyons que le refus de nommer un Premier ministre issu de la coalition majoritaire aux résultats des élections législatives en dit long sur la nécessité de la question “démocratique” au sein de l’extrême-centre. Sorti du champ républicain, parlementaire et démocratique, laisse place notoirement à l’idée d’opposer le peuple à la nation.

Dans l’oreille du président-soleil, les fortunés se plaignent de ne pas avoir assez de caviar sur leurs tartines au petit-déjeuner. Cela se consume comme un accélérateur d’une pauvreté sans nom qui se développe au sein de l’Hexagone. Il s’agit d’une volonté d’augmenter la pauvreté partout où cela est possible au nom du progrès. Dans son bureau, le président-soleil se regarde souvent le nombril et dit sans rire : “la République, c’est moi”. De cette façon, “le conservatisme, c’est la République ; la République, c’est le conservatisme”. Les bouteilles de Romanée-Conti coulent à flots dans des repas atteignant plusieurs milliers d’euros par personne. Chauffé à blanc par les actionnaires, le président-soleil s’est dressé en maître pour créer une taxe pour le financement des dividendes.

Pendant ce temps-là, le mouvement progressiste salarié commence à prendre forme avec la volonté d’une partie de la population de le destituer. Mais le ministère de l’Intérieur, proche des cercles pétainistes, antisémites et patronaux, fera dans sa charge pour assassiner chaque manifestant à travers les voltigeurs qui tabassèrent Malik Oussékine. Sous le nom de BRAV-M, ces soldats, assoiffés de sang tels des vampires, agissent rapidement pour faire régner l’ordre bourgeois et le crime organisé d’un ministère séditieux. S’ils sont armés pour réprimer, mutiler et tuer afin d’orchestrer un état de sidération au sein de la population, leurs horreurs et leurs barbarismes ne feront pas reculer des salariés en quête d’humanisme et de respect des valeurs républicaines. Il faut dire que la Police Nationale, créée en 1941 sous Vichy, a gardé sa particularité d’être une organisation d’extrême-droite et profondément aux antipodes des valeurs républicaines.

Au palais de l’Élysée, le président-soleil de la République se fend d’être un défenseur de l’ordre, mais surtout du vieux-monde comme ce fut Louis XVI. Il existe un esprit revanchard très important au sein de la société française. En refusant d’appliquer les règles démocratiques et du parlementarisme, le président est sorti du champ républicain. S’il n’est plus républicain, alors il s’inscrit dans l’ordre ancien qu’il essaye de faire disparaître. Après sept années de révolte contre le président des riches et de la noblesse, il revient à redéfinir les contours de ce qui apparaît comme le “bien” et le “mal”. Mais les électeurs ont choisi une majorité, certes relative, mais une coalition arrivée en tête. Si les règles du jeu ne permettent plus de jouer, alors il convient de les changer de fond en comble à travers la mise en place d’une constituante.

Le président-soleil se targue d’être un sauveur face aux risques des marchés, mais il a mis le pays en ruine sous une montagne de dette. Désormais, les conservateurs doivent assumer d’être les seuls responsables de cette situation. Historiquement, le vieux-monde n’a toujours pas digéré depuis 1789 et encore plus la rupture avec 1793. Emmanuel Macron s’est même targué d’assumer son monarchisme en 2015 : “Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n’est plus là !“.

Nous sommes en septembre et les ministres-députés démissionnaires sont toujours présents. La colère gronde avec les fourches. La fête du 14 juillet renvoie méthodiquement à la prise de la Bastille. Il faut dire que la tête de De Launay alors gouverneur de la prison royale, se termine sur un piquet. Cela a pour symbole de créer dans l’esprit contemporain d’être un élément fort. Les armées ne peuvent rien face à un mouvement en osmose avec son temps. Certes, je ne cautionne jamais la peine de mort et encore moins les exécutions sauvages. Pourtant, une foule en colère, lorsqu’elle a été pressée à l’extrême, n’est jamais de bon goût. Mais la question se relève être différente : quelles sont les circonstances ayant laissé exploser une colère incontrôlable ?

La chanson de la Semaine Sanglante signait dans ces termes : “Gare à la revanche, quand tous les pauvres s’y mettront“. Le président-soleil peut jouer comme le “maître de l’horloge”. J’ai longtemps aspiré à un mouvement révolutionnaire. Pourtant, le réveil sonnera le glas un jour d’une prise de conscience que la situation n’est plus soutenable dans les conditions actuelles.

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