Révolution et Libertés

Rosa Luxemburg – Les guerres sont des phénomènes barbares

La locomotive économique : les gens d’en bas

La locomotive économique : les gens d’en bas
Temps de lecture : 4 minutes

La locomotive économique repose sur les classes populaires et moyennes que les conservateurs de droite appellent “les gens d’en bas”. Ce mépris totalement assumé souligne une importance considérable dans la manière dont la gestion austéritaire va se dérouler.

En matière d’économie, il existe deux camps totalement antagonistes : les uns qui pensent que le problème vient des gens d’en bas comme Michel Barnier et le “bloc pétainiste” et ceux qui pensent que les classes populaires et moyennes sont la locomotive de l’économie. Alors que la politique de l’offre fait déraper les comptes publics et son déficit, les conservateurs souhaitent trouver 30 à 60 Mds d’économies pour le nouveau budget afin de poursuivre une politique de l’offre. En refusant toute augmentation réelle des salaires, l’impact sur les finances publiques pourrait être de 0,5 à 1 % de croissance afin d’arriver à une croissance entre 0,5 et -0.1 % du PIB. La conjoncture post-COVID commence à se réveiller brutalement, en lien avec une récession globale qui pourrait s’accroître dans les prochaines années en raison d’un carnet de commandes trop faible, poussant les entreprises à faire faillite.

Ne connaissant pas le fonctionnement d’une économie dans sa globalité et notamment la manière dont fonctionne une entreprise, il s’acharne à baisser les impôts et les taxes, mais cela n’a aucun effet sur les carnets de commandes. Imaginez une entreprise de trains qui souhaite faire circuler sans locomotive (ou moteur au niveau des bogies) et se demande pourquoi son train ne fonctionne pas. Ce serait surprenant. Pourtant, lorsque nous regardons de plus près, une politique économique doit prendre en connaissance “l’offre et la demande” et non simplement “l’offre”. Les entreprises ont certes des aides très importantes puisqu’elles ne représentent près du premier budget de l’État, devant l’Éducation et le service de la dette, mais cela ne permet pas de relancer l’activité de la locomotive économique.

Dans ce sens, le programme du “Nouveau Front Populaire” souhaitait une meilleure répartition des richesses et une transition écologique à travers une augmentation de la demande. Dans ce sens, l’augmentation des salaires réels aura certainement eu une conséquence positive sur l’ensemble de l’économie à travers une hausse de la demande, en y faisant fonctionner le multiplicateur keynésien. Dans une version où la demande est considérée comme le “coût du travail” via la “maximisation des profits” à outrance, les salaires sont mal vus. Certains se demandent au sein des conservateurs les raisons du repli économique, mais pointent toujours les impôts et les taxes. Or, même en diminuant ces derniers, cela ne permet pas d’augmenter justement la demande à travers une hausse du carnet de commandes, mais cela a des effets sur les recettes de l’État qui accroissent une baisse de la dépense publique via l’austérité : symbole d’une baisse de la croissance, c’est-à-dire d’une baisse de la demande déjà trop faible.

Si sur l’aspect parlementaire et démocratique, la nomination de Michel Barnier s’inscrit dans le réflexe centriste de sauver l’économie de l’offre appelée “économie de marché” à travers l’aspiration des valeurs de l’extrême-droite. Il en résultat qu’une économie de marché prend en compte deux paramètres : “l’offre et la demande”. La locomotive et ses wagons permettent de faire tourner l’ensemble du pays. Or, la situation actuelle que le consensus économique keynésien et hétérodoxe tend à démontrer se matérialisera inexorablement par une hausse du chômage avec pour effet d’aubaine une hausse de la dépense publique en lien avec les mécanismes contracycliques. Au lieu de mépriser les classes populaires et moyennes via un élitisme bourgeois totalement assumé, il aurait dû entrevoir une autre réalité totalement différente : ces dernières sont le poumon de l’économie.

Ardent défenseur des traités européens, notamment le TSCG sur le principe de la règle d’or et de la stabilité de la dette. Aucune remise en question n’est pointée du doigt sur les liens entre politique de l’offre, déficit public et politique du “quoi qu’il en coûte”. En effet, la dette publique a explosé massivement depuis la crise de 2008. Les crises suivantes n’ont fait qu’empirer la dette publique, hormis la présidence de François Hollande où le déficit a eu tendance à refluer à travers une austérité sans effets négatifs pour l’économie. Dès lors, en essayant de sacrifier la locomotive du pays et en même temps de vouloir faire rouler le train sans moteurs, la désillusion risque d’être grande pour les électeurs, notamment de l’extrême-droite qui le découvre et qui vont soutenir son gouvernement. Forcément, le sacrifice demandé aura une aspiration vers les abîmes très importante.

Les classes populaires du Rassemblement National votant pour le programme de Michel Barnier en raison de son homophobie décomplexée et de sa xénophobie ambiante auront un réveil douloureux au sein de leur portefeuille. Peut-être qu’il s’agira d’une peine importante, car il reste sous la tutelle de l’extrême-droite dans ses moindres faits et gestes. Les gens d’en bas en faveur de la politique de l’offre vont se réveiller difficilement.

Emmanuel Macron en refusant le résultat des aspirations populaires comme la hausse des salaires, c’est-à-dire un accroissement de la demande, se refuse à toute amélioration du cadre de vie, mais de donner un coup de pouce à une économie dont les jours sombres sont devant elle. Il aura beau souligner que “la fête est finie”. Mais en réalité, s’adresser à une partie de la population ayant déjà du mal à s’alimenter dignement et allant vers les banques alimentaires repose sur une contradiction très importante : pointer du doigt les victimes de la politique de l’offre et leur faire payer le coût de sa vision politico-économique. En effet, le capital n’a jamais été aussi puissant, mais n’a jamais aussi peu participé à l’économie du pays, comme le souligne la part des milliardaires sur la richesse de l’économie.

Finalement, on se rend bien compte que les dés sont pipés même avant d’avoir été lancés. Il s’agira d’une grande gabegie et d’une perte de temps. Pendant ce temps précis, l’économie entartrera comme son voisin allemand dans une spirale où le chômage va littéralement exploser, mais qui aurait pu le prévoir ?

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires